Les troubles affectifs saisonniers (2ème partie)

Avec le retour du beau temps et du rallongement des journées, la dépression saisonnière devrait s’estomper chez 1.3% à 4.6% des Européens atteints par ce trouble affectif saisonnier (TAS), dont 70 et 80 % sont des femmes. Un rapport souligne que « Chez les personnes souffrant de dépression classique ou de maladie bipolaire (avec des épisodes dépressifs), la dépression présente une exacerbation saisonnière chez 10 à 15 % des personnes touchées ». Pour rappel, plus on s’éloigne de l'équateur, moins l’ensoleillement est présent et plus le TAS augmente, à tel point que certains pays proches des pôles connaissent un taux supérieur de suicides, engendrés par le manque de lumière naturelle mesurée en Lux (2 000 lux en moyenne les jours d’hiver et 100 000 lux lors des belles journées estivales). A noter également que le TAS, reconnu médicalement sous certaines conditions
bien spécifiques, peut toucher certaines personnes même en plein été (canicule 2003).

 

Quelles sont les principales actions à suivre pour réduire le TAS ?

Depuis 1984, date de la découverte du rôle joué par la luminosité sur l’humeur et l’horloge biologique interne (Dr Norman E. Rosenthal (psychiatre et chercheur au National Institute of Mental Health), les chercheurs s’évertuent à trouver une ou des solutions pour enrayer ce phénomène en lien avec le manque de luminosité. Voici les principales mesures préventives de base, liées aux dernières recherches scientifiques, pour contrecarrer le TAS. En premier lieu, même si les symptômes disparaissent progressivement lors du retour du soleil, il est recommandé de consulter votre médecin traitant afin qu’il établisse un diagnostic personnalisé.

La luminothérapie : Sachant qu’un bain de lumière est bénéfique (journée d’été ensoleillée : de 50 000 à 130 000 lux), ne pas tomber dans le piège de la luminosité d’intérieur, car une maison ne renferme que 100 à 500 lux. Un bureau bien exposé à la lumière ne propose quant à lui que 400 à 1 000 lux. Faites-en sorte que les murs de votre maison (studio, appartement...) soient clairs avec des miroirs placés en fonction de la lumière et des fenêtres dégagées (non occultées par des rideaux sombres filtrant la luminosité). C’est pourquoi, lors de la construction d’une maison, il est important de bien vérifier en amont son orientation par rapport au soleil et aux points cardinaux. Quel que soit votre choix, n’oubliez pas que le spectre lumineux du soleil est totalement différent que celui d’une lumière artificielle.

Il existe un autre moyen d’atténuer les symptômes du TAS en restant chez soi, grâce à la luminothérapie artificielle. D’abord, les spécialistes recommandent pour les adultes de débuter graduellement le matin (10 à 15 minutes) puis allonger l’exposition (30 à 45 minutes par jour) à une lampe spéciale (sans rayons ultraviolets) dont l’intensité lumineuse est de 10 000 lux (attention, pour les plus jeunes environ 15 à 20 minutes par séance). Ne jouez pas à l’apprenti sorcier, même si plusieurs études confirment l’efficacité de la luminothérapie. « En pénétrant dans l’oeil, la lumière blanche envoie des messages chimiques dans la région du cerveau qui régule les rythmes biologiques et la production de diverses hormones». Des effets indésirables et des contre-indications sont envisageables (maux de tête, agitation, douleurs et problèmes oculaires, effet sédatif, traitement contre le glaucome...). Nous vous rappelons qu’il est préférable voire indispensable selon les cas de consulter son ophtalmologiste et/ou son médecin traitant avant de décider seul(e) un traitement de luminothérapie.

Les lampes à lumière bleue : Méfiance, même si les fabricants vantent les avantages de ces lampes portatives«nouvelle génération» qui émettent uniquement unelumière bleue, aucune preuve scientifique conforte la position de ces fabricants : « L’ensemble des recherches indique que le meilleur effet thérapeutique s’obtient avec le spectre lumineux complet d'une lumière blanche de 10 000 lux », affirme le Dr Hani Iskandar (chef médical à l’Institut Douglas).

Simulation artificielle de l’aube : Contrairement à la lampe « lumière bleue », la simulation de la luminosité d’un lever de soleil grâce à un réveille-matin « simulateurs d'aube » a prouvé son efficacité (méta-analyse effectuée sur 5essais cliniques). Programmée pour éclairer la chambre progressivement une demi-heure avant votre réveil (heure choisie le soir avant le coucher selon vos obligations familiales, professionnelles...), l’efficacité de la « lampe d'aube » fut prouvée en 2005.

Exercice physique : L’exercice physique agit contre tous les types de dépression. Pratiquer en plein air, son efficacité contre le TAS est double puisqu’il bénéficie également de l’effet « lumière du jour ». Dépourvue d’effets secondaires sérieux, la luminothérapie se révèle donc plus efficace, combinée à l’exercice physique. Comme le souligne plusieurs études menées en Finlande, une bonne marche alliée à un bain de lumière naturelle se révèle en effet bénéfique (au moins 1 heure par jour, même en hiver).

Mangez du poisson : À l’heure actuelle, les chercheurs supposent que la consommation élevée de poissons + fruits de mer (riches en acides gras oméga-3), agit contre la dépression saisonnière. Suite à une étude faite sur les Islandais, peu touchés par le TAS, une hypothèse scientifique souligne que « certains facteurs liés aux gènes contribueraient également à tenir ce peuple plus éloigné de cette forme de dépression » (sources : www.passeportsante.net).

Antidépresseurs : Le recours aux antidépresseurs s'est avéré efficace notamment pour les personnes « imperméables » à la luminothérapie (symptômes non soulagés pour les uns, thérapie inefficace pourles autres...). Parfois, le mariage des deux s’avère positif.
Psychothérapie : Pour certaines personnes, des séances de psychothérapie s’avèrent positives etefficaces dans le traitement de la dépression saisonnière, à travers un travail spécifique sur les attitudes négatives et les comportements.

Recherches : Quelques études font apparaître que la prise de suppléments d’un acide aminé 5-http ou oxitriptan (précurseur immédiat de la sérotonine et extrait d'une plante ne pouvant pas être brevetée), serait une bonne solution pour les personnes « non compatibles » avec la luminothérapie. Ces études ont mis en relief qu’un faible taux de sérotonine dans le cerveau serait un facteur du déclenchement du TAS. Actuellement, des suppléments de mélatonine pourraient également atténuer les symptômes chez certaines personnes. Malheureusement, on avance à pas feutrés car on ignore toujours les effets (à long terme) des suppléments de mélatonine sur l'organisme, connue comme étant l'hormone centrale de régulation des rythmes chronobiologiques, en étant synthétisée surtout la nuit. Enfin, le Millepertuis (Hypericum perforatum) pourrait également s’avérer efficace dans le traitement de la dépression saisonnière, mais aucune évaluation tangible va en ce sens (manque d’études actuelles) même si les effets de cette plante sont réputés et reconnus dans le cadre de la dépression classique. Alors n’hésitez plus. Avec le retour des beaux jours, prenez des bains de soleil qui permettront la fabrication de la vitamine D, essentielle pour les os. Néanmoins, gardez bien en tête qu’une exposition excessive aux rayons ultraviolets (UV) est dangereuse pour la peau et pour les yeux.

Sénèque disait : « Quand le soleil s’éclipse, on en voit la grandeur ». A travers le TAS, on s’aperçoit que lorsque le soleil fait défaut, un seul astre vous manque et tout est dépeuplé !

 

 

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