Jusqu’à aujourd’hui, la conscience des personnes dans le coma intéresse toujours les chercheurs. Elle représente un cham d’études qui pourrait connaître une évolution actuellement. Les neurologues ont découvert que la pensée a un mode de fonctionnement surprenant et qu’une nouvelle approche basée sur les interactions entre le cœur et le cerveau pourrait faire avancer le diagnostic neurologique des individus dans le coma.
Cette nouvelle approche consiste à explorer les interactions entre le cœur et le cerveau. Les scientifiques de l’Inserm ont étudié les données de 127 personnes en état végétatif ou de conscience minimale. Ils ont découvert que l’activité cardiaque fonctionne suivant la perception d’une stimulation externe dans le cas des comateux conscients ou un minimum conscients. Ils ont couplé un test cardiaque avec un EEG et étudié le rythme des battements cardiaques des patients auxquels on a fait écouter des sons répétitifs entrecoupés par des variations aléatoires. Les scientifiques ont étudié le rythme des battements cardiaques pendant ces séquences. S’ils émettent des changements, cela signifie que les patients ont conscience des bruits qui les entourent.
Stanislas Dehaene, directeur de l'unité de neuro-imagerie cognitive Inserm-CEA et titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France, explique le fonctionnement de l’état cérébral chez une personne normale et une personne comateuse. Selon lui, notre cerveau fonctionne suivant différents phases en une journée. Il produit des ondes rapides appelées bêta ou ultrarapides dites gamma lorsque nous nous adonnons à une forte activité intellectuelle. Lorsque nous nous reposons avec les yeux fermés, notre cerveau émet des ondes alpha qui passent vers les ondes thêta en ralentissant lorsque l’on dort ou en cas de méditation. Durant le sommeil profond, notre cerveau se met en mode veille et n’émet qu’un tracé de près de 0,5 Hz appelé onde delta.
Selon les explications de Stanislas Dehaene, « L'électroencéphalogramme d'une personne plongée dans le coma a la même signature que ces ondes delta. Dans cet état marqué par des amplitudes cérébrales lentes, les réflexes demeurent. Un patient peut par exemple réagir à un pincement ou à un son nouveau. » Toutefois, elle ne peut être considérée comme consciente car ces signes d’éveil ne sont pas toujours issues d’une pensée. Les opérations se passent de façon non consciente dans la tête d’une personne comateuse en moins d’une seconde.
Le cerveau peut réagir momentanément face à une image ou un mot intégré dans un film. Cela ne dure qu’en très peu de temps et ne s’inscrit pas dans la mémoire. Ainsi, le sujet dans le coma n’est pas capable de s’en souvenir lorsqu’il sort de son état végétatif. S’il parvient à rapporter cette image ou ce mot comme un souvenir, cela signifie qu’il a connu un état de conscience dans son coma. Si le patient ne peut pas le rapporter, alors « on perd tout contact avec l'expérience », continue Stanislas Dehaene.
La fonction cérébrale dans le coma est stimulée et traite une information avant de retomber. Afin de permettre à la personne d’être consciente, il faut amplifier la réaction afin que d’autres zones corticales soient atteintes par l’information qui sert ici de déclencheur. On assiste alors à un partage de l’information. Son traitement devient possible via une mise en mémoire ou si on entame un dialogue avec le patient. La conscience connaît une renaissance, un phénomène que les neuroscientifiques appellent « effet de réverbération ». Cela aboutit à des échanges électriques cohérents et stables entre des parties éloignées du cerveau. Un cerveau comateux, par contre, ne peut pas traiter les échanges de manière stable malgré l’existence de l’activité électrique.