La peur est un sujet que les scientifiques aiment étudier, notamment dans le cadre de sa gestion par le cerveau. Des scientifiques lausannois ont ainsi étudié ce qui se passe dans ce muscle quand nous avons peur. Les résultats de leurs recherches nous éclaircissent quant au fonctionnement du cerveau et pourraient même permettre de traiter différentes phobies.
Ron Stoop, chef de l’unité de l’anxiété et de la peur au Centre de neurosciences psychiatriques du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), explique que l’amygdale et le noyau du lit de la strie terminale, soit deux structures dans le cerveau, entrent en action lorsque nous nous retrouvons en situation de peur.
L’amygdale est un noyau cérébral ayant la forme d’une amande que l’on trouve derrière les tempes du cerveau. C’est elle qui réceptionne les messages de nos différents sens, à savoir l’ouïe, l’odorat, le toucher, la vue et le goût. Ces messages la préviennent en cas de danger et active l’amygdale qui nous conduit à cet état de choc durant lequel nous semblons si impuissant, lorsque que quelque chose nous fait peur.
Puis, les structures corticales du cerveau peuvent émettre un signal à l’attention de l’amygdale. Ce signal permet de l’inactiver et c’est à ce moment précis que nous retrouvons notre capacité à décider pour échapper à la situation qui nous effraie.
Selon Ron Stoop, il existe différents systèmes dans le cerveau capables de réduire le niveau de la peur s’il le faut. L’ocytocine en fait partie. Cette hormone produite par le cerveau inhibe l’activité de l’amygdale et intervient lorsque nous avons peur, lorsque nous nous attachons aux autres ou dans d’autres aspects de notre existence.
Pour montrer l’implication de l’ocytocine dans nos peurs, les chercheurs lausannois ont mené une expérience sur des rats. Le but était de relâcher l’ocytocine interne et de réduire la peur, et ils y sont parvenus. Pour ce faire, ils ont modifié génétiquement les cellules secrétant l’ocytocine afin qu’elles soient sensibles à la lumière bleue.
Ils ont ensuite éclairé ces cellules avec un laser bleu afin que le cerveau des rongeurs secrète plus facilement l’ocytocine. Ces rats, immobilisés par la peur, se sont ressaisis quelques secondes après. Le laser bleu a rapidement interrompu leur peur. Cela prouve qu’une fois que l’ocytocine est libérée, la peur est réduite.
Après cette expérience, les scientifiques lausannois essaient d’aider un rat à vaincre sa peur en le mettant en compagnie d’un animal qui n’a pas appris à dompter sa frayeur et qui restera calme durant l’expérience. Si on appliquait cette expérience aux humains, on pourrait démontrer que le soutien social pourrait aider à surmonter la frayeur, grâce à la libération de l’ocytocine.