Le chamanisme

Le chamanisme, ou shamanisme est l’un des grands mystères mis en place par l’esprit humain. Si pour certains écrivains, chercheurs ou historiens le chamanisme implique « une représentation bipolaire ou dualiste de la personne et du monde », d’autres le considèrent comme de la magie, « une dégénérescence religieuse », de la sorcellerie, ou encore une imposture entretenue par un tiers, un complexe culturel magico-religieux... Toujours est-il, la catégorie « chamanisme » interpelle les neuroscientifiques et pose problème aux anthropologues. Difficile de se retrouver dans ce capharnaüm car la correspondance entre une affirmation et la réalité à laquelle cette affirmation réfère, prend souvent sa source autour de théories propres à la pensée de leurs auteurs. Sachant que personne ne détient la vérité, (même une horloge arrêtée détient la vérité 2 fois par jour), nous allons suivre le conseil du Père Teilhard de Chardin qui souligne que « Nulle chose n’est compréhensible que par son histoire ». Aussi, est-il préférable de remonter aux premiers pas du chamanisme que l’on retrouve chez de nombreux peuples (Mongols, Turcs, Magyars, Népalais, Chinois, coréens, japonais, Scandinaves, Amérindiens d’Amérique du Nord et du Sud, Africains, Australiens, Celtes - druidisme orthodoxe) en s’aidant de l’hexamètre de Quintilien...

 

Qu’est-ce que le chamanisme ou shamanisme ?

Pour le dictionnaire Larousse « c’est un ensemble de pratiques comportant un état de transe, propres à certaines sociétés de l'Asie centrale et de l'Arctique ». D’après wikipédia « Ce serait une pratique centrée sur la médiation entre les êtres humains et les esprits de la nature ou les âmes du gibier, les morts du clan, les âmes des enfants à naître, les âmes des malades à ramener à la vie, la communication avec des divinités... ». L'axe central est celui d'une imitation des espèces animales prisées à la chasse tels les cervidés qui rassemblent une famille de mammifères ruminants (présentant un nombre pair de doigts tels les cerfs, chevreuils, rennes, daims, pudus...) et les gallinacés ou galliformes (dindes, poules, pintades, cailles, faisans...). Pour de nombreux sites en lien avec le chamanisme, ce serait donc « une conduite, une efficacité, une technique, à restituer dans le tout de la société. Il remplit une fonction d'adaptation à des situations démunies et difficiles, par sa souplesse, son pragmatisme (contrairement aux religions instituées), et par sa disponibilité. Les traits essentiels du chamanisme, dans les sociétés de chasse, sont : l’alliance avec les esprits de la « surnature », le voyage de l'âme, la gestion de l’aléatoire par le rapport entre chamane et esprits, mais aussi la fluidité, car le chamanisme n’est pas quelque chose de figé... ».

 

Que veut dire chaman exactement ?

Le mot chamane ou chaman vient étymologiquement de la langue toungouse parlée par un groupe de peuples de type mongoloïde qui occupait au XVIIe siècle la plus grande partie de la Sibérie orientale, de l'Extrême-Orient russe et de la Mandchourie. La pensée chamanique s’est élargie de la Baltique à l'Extrême-Orient, franchissant certainement le détroit de Béring avec les premiers Amérindiens. Le chaman est une passerelle entre l’humanité et les esprits de la nature. Il a une perception du monde holistique, un monde défini par Jan Christiaan Smuts comme « la tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties, au travers de l'évolution créatrice ». Le chaman est un sage initié, à la fois, voyant, thérapeute, conseiller, guérisseur, garant et dépositaire des croyances, de la culture et des ses secrets... D’après l’anthropologue Française Roberte Hamayon (Directrice d'études émérite à l'École pratique des hautes études (EPHE), dans la section Sciences religieuses (Religions de l'Asie septentrionale) et ancienne directrice du Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense), le chamane est soit « celui qui sait », soit celui qui « bondit, s'agite, danse ». A noter que le mot chamane est entré officiellement dans la langue française en 1842.

 

Qui est chaman et quel est son véritable rôle au sein des sociétés traditionnelles ?

Homme ou femme, si son rôle est très important et respecté dans les sociétés traditionnelles, il varie d’un continent, d’une région et surtout d'une époque à l’autre. Comme le souligne le précepte Chinois « 10 000 moines, 10 000 religions », il en est de même pour les chamans si différents des uns des autres. Hormis la direction de la tribu ou du clan, ses aptitudes supposées vont des pouvoirs psychiques propres à chaque chaman (perception extra sensorielle, vision, télépathie, divination, préparation des rituels, soins par les plantes, communiquer avec les esprits de la nature, traiter certaines maladies, prénommer un enfant, l'enseignement, le conseil, faire du tort à un ennemi, faire tomber la pluie, accompagner l'âme des morts...). Quelque soit le continent, chaque intervention se fait dans un cadre rituel bien précis.

Le chamanisme fut remis au goût du jour, notamment grâce aux documentaires télévisés, aux nombreux livres spécifiques qui lui sont consacrés, aux recherches scientifiques, aux adeptes du New Age en recherches d'expériences mystiques et à la lecture des livres de Carlos Castaneda... De nos jours, il est de bon ton de se méfier des nombreux charlatans qui profitent de la popularité de l’une des plus vieilles formes de spiritualité de l'humanité, pour s’enrichir. Prenez garde à ne pas vous aventurer aveuglément dans des initiations chamaniques à base de substance psychotrope nocive, loin du modèle toungouse.

Les débats et les polémiques sont loin d’être clos, notamment à propos de l’utilisation de l’ayahuasca (ou yagé) et de l’iboga (petit arbuste de la famille des apocynacées). Ce dernier est inscrit officiellement sur la liste des produits stupéfiants en France. « Au regard des préoccupations de santé publique », cet arrêté a été confirmé par le Conseil d'État le 20 mars 2009 (n° 305953). A noter qu’il est également interdit par le CIO et diverses fédérations sportives dans plusieurs pays (France, Belgique, Pologne, Suisse et les Etats-Unis) qui l’ont classé également comme stupéfiant. L'ayahuasca (breuvage à base de lianes consommé traditionnellement par les chamanes des tribus indiennes d'Amazonie) est inscrit quant à lui depuis 2005 (JO du 3 mai 2005, publication de l’arrêté du 20 avril modifiant l’arrêté du 22 février 1990) au registre des produits illégaux.

A l’instar des arts martiaux, le chamanisme est une voie, un chemin, une vie qui demande de ne pas tricher, ni avec soi-même, ni avec les autres. Devenir chaman, c'est avant tout apprendre continuellement à devenir, avoir la certitude que l'Être a une finalité au-delà de l'homme, accepter de n'être jamais rien et n'avoir ni certitude ni à priori. C'est n'être plus prisonnier ni esclave de rien, somme toute c’est ne former qu’un avec l’universalité.

 

 

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