Le subliminal, auréolé de mystères pendant des décennies, soulève de nombreuses questions, autant par le simple quidam que par les neuroscientifiques. Les recherches remontent aux balbutiements de la psychophysique. Depuis la théorie du stockage des informations dans le subconscient (observé au début du XXème siècle par le psychologue Autrichien O. PEOTZLE), on sait aujourd’hui que notre cerveau filtre les informations (quelques 100 000 images « vues » par nos yeux quotidiennement) et ne garde que les principales qu’il juge utiles à notre survie. Entre les légendes et la réalité du subliminal, on retrouve 3 catégories de personnes :
- Celles qui nient l’existence de l’inconscient,
- Celles qui soulignent le viol psychique, la manipulation des foules et la dangerosité d’un tel procédé
- Et les défenseurs des messages subliminaux (visuels et/ou auditifs) qui considèrent ces derniers comme une excellente passerelle pour déposer sur la rive de l’inconscient des informations positives et constructives. Difficile de voir clair entre les préjugés, les contradictions et les affirmations ponctuées par les législations mises en place par l’exécutif. Comme le souligne le docteur en psychologie Richard BANDLER, « La certitude bloque probablement plus les progrès de l'homme que n'importe quel état d'esprit. Cependant, la certitude, comme tout, est une expérience subjective que vous pouvez changer ».
D’abord qu’est-ce qu’un message subliminal ? Ce mot prend racine dan le latin « sub limen » qui signifie « sous le seuil ». Jean-Baptiste LEGAL (Maître de conférences en psychologie sociale à l'université Paris X), auteur du « pouvoir des images subliminales » (Cerveau & Psycho N°49) le définit ainsi : « Jusque dans les années 1980, la définition de ce qu’est la perception subliminale s’articulait autour de la détermination de seuils. Plus précisément, la perception subliminale prenait place entre le seuil objectif (à partir duquel un stimulus – image ou son – peut être traité par le système perceptif) et le seuil subjectif (à partir duquel nous sommes capables d’indiquer verbalement qu’un stimulus a été présenté). Aujourd’hui, on parle d’exposition subliminale quand une information est présentée de telle sorte qu’elle est traitée par notre système perceptif et cognitif, sans pour autant qu’elle soit consciente, même si l’on focalise son attention pour la détecter… »
Les développements récents de la psychologie montrent que les messages subliminaux visuels observables par la science peuvent influer sur nos comportements, sous certaines conditions. En effet, l’unicité chère au Docteur John MEDINA (les 12 lois du cerveau) doit être prise en compte au même titre que le seuil de détection d’une information, différent et variable selon les personnes. Toujours est-il « on peut considérer que, pour des durées d’exposition inférieures à 20 millisecondes, l’exposition à une image est subliminale ». Mais attention : Si vous effectuez des recherches sur les réseaux sociaux, il y a vraiment de quoi en perdre son latin entre les légendes, les confusions et la réalité scientifique, entre les gourous qui vous promettent monts et merveilles et les personnes persuadées d’un complot d’un nouvel ordre mondial (manipulations de masse…). Aujourd’hui, nous ferons un résumé sur les images subliminales étudiées par la science et utilisées par des tiers (à des fins commerciales ou politiques…), avant d’aborder prochainement les messages subliminaux auditifs (voix, musique…).
Dans la pensée collective, le terme subliminal est synonyme « d’images cachées ». De François Mitterrand à Walt Disney, des images « suggestives » ont été « intégrées » en arrière-plan. Par exemple, une grande majorité de Français a découvert les messages subliminaux en 1988 au cours de la campagne présidentielle Française, à travers le scandale d’une insertion subliminale visuelle dans le générique du journal d’Antenne 2, à savoir la photo du candidat et président sortant (François Mitterrand)). « Le procès intenté pour manipulation électorale a été perdu, car l'image durait plus d'un vingt-cinquième de seconde, ce qui excluait la qualification de subliminale... ». Plus récemment, le CSA a mené une enquête auprès de M6. Il a demandé à la chaîne des explications sur des insertions subliminales (un téléspectateur affirmait avoir détecté trente-trois images de l'appareil photo Kodak Fun) pendant l'émission POP STARS (6 décembre 2001). Le CSA a rappelé à M6 les termes de la recommandation adoptée le 27 février 2002. Dans le magazine Cerveau & Psycho, Jean-Baptiste LEGAL souligne un exemple très connu, relevé dans la version originale de « Bernard et Bianca ». « Une séquence comportait la photo d’une femme nue à sa fenêtre, image supprimée lors de la sortie en dvd du film, mais présente dans la version VHS… » (2012). D’autres exemples concernent la présence du mot sexe ou d’éléments à caractère sexuel dans divers films (les étoiles dans le ciel lors d’une séquence du Roi Lion), affiches (dans le papillon de l’affiche du Silence des agneaux) ou supports publicitaires (notamment des publicités pour des marques de boissons alcoolisées)... ». Ces exemples sont loin d’être exhaustifs.
Dans un film (24 images par seconde au cinéma) ou dans un générique, si l'on remplace des images par une image hors contexte, l’affichage de celle-ci est de 0,04 seconde. « En intégrant un message subliminal (mot, phrase, image) dans une de ces 24 images, celui-ci passe trop rapidement pour être lu consciemment, mais il est vu, lu et compris par le subconscient et peut ainsi être accepté » (sources : www.vivre-mieux-etre.eu). Pour anticiper les débordements, une loi interdisant l’utilisation du subliminal dans le domaine spécifique de la publicité a été votée dans plusieurs pays (Canada, Royaume Uni, Luxembourg…).
Les mécanismes du cerveau sont très complexes. Le message subliminal visuel est une réalité qui intéresse de très près des chercheurs comme DIXON, MYKEL et DAVES, AYRES et CLARCK, la Fondation pour la Recherche sur les Impressions Subliminales (FRIS)… On le sait, l’utilisation des messages subliminaux visuels se retrouve sur internet (ordinateur), au cinéma, à la télévision, dans la rue (écran publicitaire)… à des fins commerciales, publicitaires ou politiques. Pourquoi le subliminal visuel ? Tout simplement parce qu’il est plus efficace que le subliminal audio. On le sait grâce notamment aux chercheurs de l'UCL (University College London). Ils ont mis en évidence « le fait que les images subliminales dont on n'est pas conscient et qui atteignent ainsi la rétine, retiennent l'attention du cerveau et produisent un effet sur le subconscient. Il existe également de nombreux exemples de messages subliminaux visuels ».
Toute reproduction interdite sans autorisation préalable