Les troubles affectifs saisonniers (1ère partie)

« Là où ne pas vas le soleil, va le médecin » dit un proverbe Tchèque. Si un sujet d’actualité est trop souvent occulté ou ignoré, c’est bel et bien le manque de lumière naturelle, appelé le TAS par les professionnels de la santé (trouble affectif saisonnier), plus connu sous le nom de dépression saisonnière. A l’instar de l’automne, les journées hivernales sont plus courtes, moins ensoleillées, donc moins lumineuses. D’après les scientifiques qui s’appuient sur les unités de mesure de la luminosité (lux), les jours d’été sont mesurés à environ 100 000 lux alors que les jours d’hiver atteignent péniblement les 2 000 lux. Les experts estiment qu’une belle journée estivale offre de 50 000 à 130 000 lux, une journée hivernale ensoleillée de 2 000 à 20 000 lux, que dans votre maison vous avez entre100 et 500 lux et dans un bureau bien exposé à la lumière naturelle, entre 400 à 1 000 lux. Mais un paradoxe pose des interrogations car les symptômes des troubles affectifs saisonniers peuvent s’aggraver au point de conduire à des idées suicidaires... été comme hiver ! En effet, certaines personnes peuvent être atteintes du TAS en pleine période estivale, en raison d’une trop forte luminosité et/ou de fortes chaleurs, parfois difficiles à supporter, telle la canicule exceptionnelle qui toucha l'Europe en août 2003, faisant 70.000 morts dont plus de 19.000 dans l'Hexagone (chiffres Inserm).

 

Des différences notables

Si l’on se fie aux chiffres et aux recherches des neuroscientifiques, au rayon des différences entre le cerveau masculin et le cerveau féminin, il existe une grande disparité entre les sexes : En effet, entre 70 et 80 % des personnes atteintes par la dépression saisonnière sont des femmes. Autre particularité, les enfants et les adolescents sont rarement concernés par le TAS (2 à 3 % à partir de l'âge de dix ans). D’après les scientifiques, ces chiffres varient suivant les régions du globe, en prenant comme ligne directrice l'équateur. Comme chacun le sait, plus on monte vers l’arctique (pôle nord), plus le nombre de jours et d’heures d’ensoleillement connaît des variations et des fluctuations au cours de l’année. De surcroît, le nombre de gens touchés par le TAS augmente comme le soulignent les chiffres enregistrés en Amérique du Nord (Canada, Alaska...). Environ 18 % de la population est touchée par une dépression saisonnière qui les ampute psychologiquement et physiquement. Lassitude, motivation en berne, fragilité de la psyché, manque d’énergie, impression d’être continuellement à plat... En Europe, 1.3 à 4.6% de la population serait concerné. Au Royaume-Uni, 3 personnes sur 100 souffrent de dépression saisonnière. « Chez les personnes souffrant de dépression classique ou de maladie bipolaire (avec des épisodes dépressifs), la dépression présente une exacerbation saisonnière chez 10 à 15 % des personnes atteintes » (sources passeportsante.net).

 

Les causes et l'évolution de la dépression saisonnière

D’abord, il faut prendre garde à ne pas confondre le TAS avec le blues hivernal (individuel ou collectif) ou les sauts d’humeur, ressentis par une grande majorité d’entre nous à une période précise (hiver). Que dit la science à ce sujet ? Depuis 1984, année de la découverte du lien entre lumière et dépression par le Dr Norman E. Rosenthal (psychiatre et chercheur au National Institute of Mental Health), les recherches continuent car le TAS n’a pas délivré tous ses secrets. Toujours est-il, la durée de la lumière naturelle (soleil) et son intensité variable selon les saisons semblent jouer un rôle majeur. On s‘est aperçu également qu’un « faible taux de sérotonine dans le cerveau pourrait contribuer à la dépression saisonnière ». Il y a donc 35 ans, le Dr Rosenthal a démontré le rôle majeur de la luminosité sur notre horloge biologique interne et notre humeur. Le site « passeportsanté.net » souligne que ce médecin « a constaté que l’exposition à la lumière artificielle à large spectre pouvait profiter aux personnes souffrant de symptômes dépressifs pendant la saison hivernale. La lumière joue un rôle important dans la régulation de l’horloge biologique interne. Celle-ci contrôle plusieurs fonctions du corps suivant des rythmes bien précis, comme les cycles d’éveil et de sommeil et la sécrétion de diverses hormones selon l’heure du jour... Après avoir pénétré dans l’oeil, les rayons lumineux se transforment en signaux électriques qui, une fois envoyés au cerveau, agissent sur les neurotransmetteurs. Un de ceux-ci, la sérotonine, parfois appelée « l’hormone du bonheur », régularise l’humeur et gouverne la production de la mélatonine, une autre hormone responsable des cycles éveil-sommeil. La sécrétion de mélatonine est inhibée durant le jour et stimulée durant la nuit. Les dérèglements hormonaux causés par un manque de lumière peuvent être suffisamment importants pour entraîner des symptômes liés à la dépression. »

 

Les facteurs favorisant le TAS et les symptômes spécifiques

Les facteurs déclencheurs sont multiples. Les personnes à risque ou touchées par la dépression saisonnière (en majorité des femmes), vivent dans un pays connu pour son faible ensoleillement hivernal et travaillent dans des endroits peu riches en luminosité naturelle (voire même l’inverse, à savoir excès de lumière et chaleur intense). Le plus étonnant est que nous pouvons « hériter » du TAS d’un proche de la même famille. Les symptômes connus à ce jour se manifestent en priorité pendant la période hivernale (novembre à janvier) avant de se dissiper avec la venue du printemps ou lors d’un séjour dans un pays ensoleillé. Les principaux signes du TAS sont : l’irritabilité, le manque d’entrain et d’initiative, la somnolence, la fatigue chronique, une humeur maussade, les agents stressants négatifs qui engendrent des réflexes incontrôlés et des comportements irrationnelles (nourriture, alcool...), la perte de la concentration, le besoin de sommeil, la recherche de la solitude, la baisse d’intensité professionnel, un sentiment de désespoir, la perte d’intérêt en général, l’évitement des situations sociales, la baisse de la libido... Pire, des idées suicidaires peuvent traverser l’esprit des personnes atteintes du TAS. C’est ce qu’on appelle le paradoxe scandinave : Les pays où les gens sont les plus heureux sont connus également pour leur taux de suicide très élevé, tels la Norvège, qui selon une étude de l'ONU est le pays le plus heureux du monde, la Finlande avec 28,9 %, le Danemark avec 16% alors qu’on enregistre 2,5 % au Koweit et 0,3% en Iran. Comme quoi le proverbe Danois « On se tourne plus volontiers du côté du soleil levant que du soleil couchant » est plein de bon sens.

 

Quels sont les traitements ?

Le mois prochain, nous aborderons les traitements, les exercices physiques conseillés, les mesures préventives de base, la luminothérapie, les bains de lumière naturelle, la climatisation, les voyages dans des régions ensoleillées... capables d’enrayer et soulager les personnes touchées par le TAS, connu également sous le nom de “dépression hivernale récurrente”. Tous les dictons du monde en lien avec le roi soleil renferment toujours une once de vérité, tel ce proverbe provençal « Une heure de bon soleil sèche beaucoup de lessives ». A suivre...

 

 

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