Notre société vit au rythme d’un monde « dirigé » au gré des émotions. Ce dernier a engendré de nombreux troubles émotionnels qui rongent les bases fondamentales sur lesquelles nous sommes censés nous reposer en toute quiétude. A travers un capharnaüm émotionnel, la majori- té des individus lambda tente vainement de contrôler ses émotions... en les refoulant. Or, « ce n’est pas l’émotion qui représente un obstacle mais notre incapacité à la maîtriser ». Mais que sa- vons-nous d'elles ? Sommes-nous capables d’apporter des réponses claires et concises aux ques- tions suivantes ? Qu'est-ce que l'émotion ? Pourquoi vivons-nous des émotions et à quoi servent- elles ? Peut-on les contrôler ? Comment réagir face aux émotions des autres ?
La plus grande erreur de l’homme est de considérer les émotions comme des ennemies à com- battre alors qu’elles sont (par nature réactionnelles) synonymes de survie et ce, depuis l’aube de l’humanité. Comme le souligne dans son livre (« Le décodeur des émotions ») Yves-Alexandre THALMANN (Psychologue scientifique, Titulaire d'un doctorat en physique, formateur et confé- rencier) : « Elle est une réponse à un évènement déclencheur interne (pensée) ou externe tout en comprenant bien que la majorité de nos émotions prennent vie dans notre cerveau ... Les quatre émotions fondamentales (la joie, la peur, la colère, la tristesse, auxquelles la surprise et le dégoût viennent parfois se greffer) sont les ferments de notre vie sociale. Elles nous rendent vivants, nous permettent d’évoluer et de vivre ensemble, servent à communiquer. Somme toute, elles sont cru- ciales pour notre équilibre et sans elles, notre survie serait grandement hypothéquée ». Donc, l’émotion, synonyme de réaction normale à un déclencheur, s’avère être « une véritable sonnette d’alarme, mobilisant de l’énergie pour nous faciliter nos actions (fuite ou combat - cerveau repti- lien) et engendrant divers bouleversements physiques pour nous préparer à l’action ».
Le royaume des émotions répond à une logique bien rodée mise en place par Dame Nature. Leurs mécanismes restent pour une grande majorité d’entre nous énigmatiques. Pourtant à ce jour, il est désormais possible de vivre en parfaite intelligence avec nos émotions en apprenant à les explorer, puis à les apprivoiser. En effet, vivre en toute quiétude demande à changer notre comportement à l’encontre de nos émotions (indispensables à notre organisme pour qu’il puisse fonctionner de manière optimale), à travers l’idée qu’il est préférable de nous en servir plutôt que de les subir. Elles prennent naissance en nous et nullement à l’extérieur.
« Elles sont des réactions à des évènements ou à des pensées qui induisent des modifications à l’intérieur de notre corps, mais aussi des comportements vi- sibles. Ainsi la personne joyeuse saute de joie ou celle qui a peur s’enfuit en courant. Beaucoup de ces réactions ne passent pas par les centres de décision de notre cerveau car elles sont ins- crites en nous en tant que réflexes (par exemple être tétanisé de peur ou serrer les poings sous l’emprise de la colère) ou sont le résultat de conditionnements (crier lorsque l’on s’énerve) ». Les principales réactions sont : La désinhibition, le repli sur soi, la peur, la colère, le dégoût, la sur- prise. L’une des caractéristiques principales de l’émotion est qu’elle se « vit dans le corps et bou- leverse le corps.... Le ressenti n’est pas seulement uniquement un processus psychique, d’où la raison de la difficulté de le contrôler » dixit Mr THALMANN. En effet, nos émotions s’accom- pagnent de diverses modifications physiologiques telles que : l’augmentation des BPM (batte- ments cardiaques par minute - perturbations sensorielles, motrices et cognitives - tachycardie),
l’accélération de la respiration, l’augmentation de la tension artérielle et de la température cor- porelle, la modification des flux sanguins, la diminution de la température périphérique, la chute de l’appétit, le ralentissement du transit gastro-intestinal, accélération de la coagulation san- guine, affichage d’une expression particulière sur le visage (peur, tristesse, colère...).
Très difficilement mais pas rien n’est impos- sible ... Il faut savoir que la grande majorité des manifestations susnommées ne sont pas sous notre contrôle, donc impossibles à influencer par la volonté. Pourquoi ? Simplement parce « qu’elles sont pilotées par le système nerveux autonome, gérant des fonctions vitales de l’orga- nisme ». De surcroît, à travers la respiration volontaire (et encore), il est possible de les contenir, les cacher, les maquiller, voire même les contrôler, mais il ne faut pas se voiler la face, supprimer les manifestations de l’émotion est irréalisable. Néanmoins, dixit Mr THALMANN, « si nous ne sommes pas capables de maîtriser les manifestations physiques des émotions, nous avons une prise sur les comportements que nous adoptons en réaction à elles. On ne choisit pas de devenir rouge de colère, mais il est de notre ressort d’insulter ou non l’automobiliste qui vient de nous couper la route. En clair, nous pouvons choisir nos réactions, du moment ou nous devenons conscients de ce qui se passe en en nous ». La maîtrise du souffle, véritable clef de voute de la relaxation, permet de ralentir le rythme respiratoire. Ainsi grâce à la respiration volontaire, « le système nerveux parasympathique responsable du relâchement des tensions et du retour à l’équi- libre est activé et donc produit une relaxation des autres fonctions vitales (température, rythme cardiaque) ». Quelques disciplines en lien avec la respiration peuvent nous aider à retrouver un rythme cardiaque approprié telles le yoga, le Qigong, le tai chi chuan, la méditation, certains arts martiaux, la relaxation progressive de Jacobson, la sophrologie, l’ACT (une méthode de psycho- thérapie récente qui propose l’acceptation de l’émotion. ACT = Thérapie d’acceptation et d’en- gagement), la musique, les loisirs de nature, la marche nordique, le tir à l’arc et toute activité sportive qui s’inscrit dans un projet en lien avec le désir d’apprivoiser les émotions. Il n’existe pas de recettes miracle. Il est important d’apprendre à se détendre, à relativiser, à se décentrer de soi, à retrouver le goût de l’essentiel et enrayer les distorsions cognitives, à apprivoiser la colère et se réconcilier avec les émotions et notre ressenti. EPICTETE disait : « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses mais les opinions qu’ils en ont. Ainsi devant toute imagination pénible, sois prête(e) à te dire : tu n’es qu’imagination et nullement ce que tu parais. Ensuite, examine-la bien, approfondis la... ». Décoder nos émotions passent par leur réhabilitation car « elles ont un message à nous donner, pour peu qu’on les écoute ».